
Dans les années trente, à Moscou, en plein coeur du mois de novembre, sous les rafales de neige, plusieurs dizaines de personnes s'étaient rendues dès quatre heures du matin devant le magasin de chaussures afin d'être les premières servies.
La queue était très longue, mais les gens se faisaient une raison.
En fin de matinée, tout le monde était gelé, le directeur du magasin vint et cria :
- J'ai appris qu'il n'y aura pas assez de chaussures pour tout le monde, que les juifs partent de la file d'attente !
Penauds, les juifs, qui constituaient bien la moitié des premiers à attendre, quittèrent la queue sous les yeux triomphants des autres :
moins de clients, plus de chance d'être servi.
Les autres continuèrent à patienter sous la neige qui n'avait pas cessé de tomber.
Vers trois heures de l'après-midi, alors que le soir tombait déjà : -
Ceux qui n'ont pas leur carte du Parti peuvent s'en aller, on ne les servira pas ! Un autre tiers de clients s'en va. Ne restaient plus que les purs, les meilleurs du régime. Ils continuèrent d'attendre, complètement gelés, mais le Parti n'abondonne jamais les siens !
Pourtant, tout espoir sembla perdu quand le directeur apparut pour la troisième fois, dans la nuit noire, à six heures, en criant son message : -
Vous pouvez rentrer chez vous, il n'y aura pas de chaussures à vendre aujourd'hui, le camion est coincé à deux cents kilomètres d'ici.
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